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​Histoire de  la Modernité

L'histoire du Beaujolais est représentative du passage à l'ére "moderne" depuis 1850 et l'essor de la chimie qui a tout accéléré. 

Pasteur (1822-1895) à travers l'étude des cristaux tartrique dans le vin va découvrir le dextrogyre et le lévogyre, base de la chimie artificielle (de synthèse).

Eugéne Turpin né en 1848 chimiste français, découvre en tâchant de perfectionner la vulcanisation du caoutchouc, les propriétés explosives de l'acide picrique qu'il parvient à stabiliser par pressage dans du coton. Ce nouvel explosif breveté en 1885, est adopté par le gouvernement français en 1887 sous le nom de mélinite, et remplace dès lors la poudre noire dans les obus.

 

Il se diffuse rapidement à l'étranger sous d'autres appellations : « lyddite » qui en est le brevet anglais déposé en 1888, par une usine à Lydd dans le Kent, « écrasite » ou « schimose » qui en est le brevet japonais. Le chargement des obus en mélinite ou en tolite augmente très fortement les effets de l'explosion des bombes par rapport à la poudre noire, en étant de surcroît beaucoup plus sûr à l'emploi que des explosifs chimiques puissants comme le coton-poudre ou la dynamite utilisés auparavant.

Très rapidement, Lucien Picard au cours de son travail, va orienter ses recherches concernant les explosifs. Il est le premier à mettre au point dans l'usine de Saint-Fons, la fabrication industrielle de la mélinite. C'est encore la même usine qui livre à l’État français la crésylite allant de pair avec la mélinite. Diverses autres préparations spéciales, entreront dans l’armement de la Défense Nationale. Le dictionnaire biographique du Rhône de 1899, apporte la restriction suivante « la nature de ces engins comporte la plus grande réserve, en fait de détails techniques sur la part de collaboration qui revient à Monsieur Picard.».

 

Il peut être rappelé à ce titre qu’Eugène Turpin fut injustement accusé d’avoir vendu son invention aux Allemands et fut condamné puis incarcéré à Étampes. Il sera gracié le 10 avril 1893 par suite d'une campagne d’opinion à laquelle participe Le Petit Journal, ce démenti lui permet par la suite de poursuivre des recherches. En 1905, sur ordre du gouvernement français, Lucien Picard est chargé d’approvisionner en mélinite, l’armée impériale russe engagée dans la guerre contre le Japon.

C’est ainsi qu’Auguste Guinon et Lucien Picard par le biais de leur usine de produits chimiques à Saint-Fons près de Lyon, favoriseront le lien avec la Russie dans le cadre de la guerre, avec la France dans les défis qu’occasionnaient la pression militaire allemande et avec le Japon quant à leur découverte à la fois sur le plan de la production militaire et sur le plan industriel comme la teinture de la soie.

Leurs produits établissant un lien profond avec le Japon, Pays de la Soie, bénéficieront doublement à l’industrie rhodanienne, industrie de la Cité de la Soie bâtie sur les efforts durables et constants donnés par les Canuts de la colline de Croix-Rousse.

Vers a Soie

 

En 1849 apparaît la pébrine, maladie qui en 1865 dévasta et fragilisa les vers à soie en Europe dans le Sud de la France et sur l'ensemble de l'industrie lyonnaise. Léon Roches originaire de l’Isère ayant vécu quelques années à Theizé-en-Beaujolais fut d’abord interprète-traducteur pour l’Armée française en Algérie puis nommé en 1863 Consul Général et chargé d’affaire à Yeddo, Kyoto Capitale du Japon. Il trouve un appui privilégié auprès du Shogun Yoshinobu Tokugawa.

 

Le Shogun Tokugawa en offrant des graines de ver à la France par le biais de l'Empereur français Napoléon III, relance l'économie et renforce le lien profond et durable qui naît entre Yokohama et la région lyonnaise. A partir de 1865 le commerce des graines et des balles de soie entre Lyon et Yokohama se développe et en cinq années Lyon devient première place mondiale du commerce de la soie.

 

Yokohama et Lyon

 

Cela contribua à l’essor de la ville portuaire de Yokohama dont l’ouverture au commerce extérieur fut d’abord forcée par l’un des «traités inégaux» exigé par les États-Unis, notamment le traité Harris de 1858. En 1865 est prise la décision de construire un arsenal maritime.

 

Léon Roches convainc le Shogun d’en confier la réalisation a la France. L’architecture du port de Yokohama est encore un exemple des transferts de technologies et de savoir-faire. L'arsenal de Yokosuka devient premier arsenal moderne du Japon. Léonce Verny, qui siégera entre autre à la chambre de commerce de Saint-Étienne arrive au Japon en novembre 1864. En juin 1865, la France livre 15 canons au shogunat.

 

Verny travaille avec Shibata Takenaka qui a visité la France en 1865 pour préparer la construction des machines de l'arsenal de Yokosuka et organiser une mission militaire française au Japon. Une centaine d'ouvriers français et ingénieurs travaillent au Japon pour établir ces premières usines industrielles, ainsi que des phares, des usines de briques et des systèmes de transport d'eau au sud de la baie de Tokyo en direction de Yokohama. C’est à l’initiative de ces établissements que seront transmises au Japon les bases des connaissances issues de l'industrie moderne. Verny crée une école pour former des ingénieurs à Yokosuka et en 1865 un collège franco-japonais est créé à Yokohama.

À partir de 1860, la présence de commerçants de soie de Lyon est attestée à Yokohama, d'où ils expédient immédiatement de la soie grège et des œufs de vers à soie en France. Pour ces premiers échanges, ils dépendent des transports britanniques et les expéditions transitent par Londres avant de rejoindre Lyon. En 1862, seuls huit Français sont installés à Yokohama, ce qui représente une maigre partie du contingent occidental.

Alors que le commerce entre les deux pays se développe, la France devient le premier importateur de soie japonaise, elle absorbe plus de la moitié de la production japonaise de soie grège entre 1865 et 1885. La soie reste au centre des relations économiques franco-japonaises jusqu'à la Première Guerre Mondiale. En 1875, Lyon est devenu le centre mondial de la transformation de la soie et Yokohama le centre pour la fourniture de la matière première. Vers 1870, le Japon produit environ 8000 tonnes de soie, dont la moitié est absorbée à Lyon, et 13000 tonnes en 1910, la France devenant ainsi le premier producteur mondial de soie (1).

 

En devenant le principal acteur de l'exportation de la soie nippone, la France permet au Japon d'accumuler des devises et d'acheter des biens et des techniques étrangères. En 1872, Paul Brunat contribue à l'ouverture d’une première usine japonaise moderne à filer la soie à Tomioka. Trois artisans du quartier de tissage Nishijin à Kyoto, Sakura Tsuneshichi, Inoue Ihee et Yoshida Chushichi, se rendent à Lyon ; ils rentrent au Japon en 1873 avec un métier Jacquard. La ville de Tomioka devient la première usine de dévidage de soie à grande échelle du Japon et un exemple clef de l'industrialisation du pays.

En 1870, Henri Pelegrin est invité à diriger la construction du premier système d'éclairage au gaz du Japon dans les rues de Nihonbashi, Ginza et Yokohama.

 

Le code Napoléon inspirateur du code civil Japonais

 

La France bénéficie également d'une excellente réputation pour la qualité de son système juridique. Elle sert d'exemple pour établir le code juridique du Japon. La réforme des institutions judiciaires commence dès 1870 sous le gouvernement de l'empereur Meiji.

 

Une école de droit est fondée et de 1871 à 1876 George Bousquet juriste français vient y enseigner. En 1873 le gouvernement japonais veut engager un conseiller juridique qui sera chargé de préparer de nouveaux codes, c’est le juriste Gustave Émile Boissonade qui sera choisi parmi nombre de candidats. Il reste 22 ans au Japon et prête la main pour l’établissement d’un système juridique moderne.

 

Il se consacre à la rédaction d'un Code civil, d'un Code pénal et d'un Code de procédure criminelle dans un pays où existait jusqu'à lors un droit coutumier. De 1875 à 1879, il rédige en français le code pénal et le code de procédure criminelle, qui seront promulgués, après traduction en japonais et discussion au Sénat.

 

Modernité

 

Le Japon participe à l'Exposition universelle de 1878 à Paris. Chaque fois que la France est considérée comme ayant un savoir-faire spécifique, ses techniques sont importées. En guise d'exemples, les premiers tramways sont introduits en provenance de France en 1882 et commencent à circuler à Asakusa et entre Shinbashi et Ueno (Tokyo), tandis qu'en 1898, la première voiture est introduite au Japon, une Panhard-Levassor française.

 

Les Toyoda issue d’une famille de grands samouraïs, devenus charpentiers et travaillant le bois se lancèrent dans la fabrication de métiers à tisser. A la suite de quoi, ils bénéficièrent de la venue de technologies rapportées par les industriels français du moteur à explosion pour lancer une reconversion jetant les bases des constructeurs de l'industrie Toyota. Situé à proximité de Nagoya, quatrième ville du Japon après Tokyo Yokohama et Osaka, le siège social et plusieurs usines du groupe Toyota en font la première entreprise du Japon et le premier constructeur automobile mondial en 2013.

 

A l’instar de la ville rhodanienne, l'électronique, l'aéronautique et les industries lourdes comme le raffinage et la sidérurgie sont également très présentes dans la région. Dans les années 1930 1940, l'usine de moteurs Mitsubishi installé dans la ville était l'une des plus vastes du monde, avec une surface de près de 350 000 m². Aujourd'hui le regroupement des plus grands industriels japonais actuels, équivalent du CAC40, arbore le drapeau Mori fleuron de l’ancienne féodalité japonaise qui figure une croix et qui dit Dieu.

L'ensemble de ces commerces et transferts de connaissances contribue à l'expansion de la région lyonnaise et forme la genèse de l'histoire viticole du Beaujolais (citons aussi la famille Gillet). La naissance de Feyzin est issu de cet essor de l'industrie chimique local, vendu à l'Allemagne ou privatisé depuis au même titre que les banques le Crédit lyonnais ou que Pechiney notamment sous Mitterrand et Helmut Kohl.

Dès lors, ces cent cinquante ans d'échanges entre Lyon et le Japon sont présentés au travers du Mémorial Niten Ichi Ryu, Lyon-Japon-Japon-France, instauré à Gleizé le 8 décembre2014. En outre, la mémoire d'Auguste Guinon étroitement lié à Lucien Picard tous deux mentionnés sur une plaque commémorative est rappelée par l'histoire aux pieds des mats du Mémorial Niten Ichi Ryu.

 

Louis Pasteur

 

La vigne domestique, et l'ensemble des cépages traditionnels, viennent de la vigne sauvage. C’est une liane trouvée en lisière forestière et ripisylve, fructifiant sur la canopée, jusqu'à plusieurs dizaines de mètres de hauteur.

L'Arménie, la « patrie du raisin », est reconnu comme lieu d'origine de la vigne cultivée. Cette source fait écho à la vigne que le patriarche Noé planta sur le mont Ararat qui sert de frontière septentrionale entre la Turquie et l'Arménie orientale. Dans nombre de civilisation, la vigne prendra le nom d'« arbre de vie ». Le fruit était soit foulé soit pressé directement et son jus recueilli afin de le faire fermenter et d'en obtenir un vin doux.

 

Se trouve aussi un vin rouge ou vin « vieux » et des vins aromatisés à la mûre et au myrte. Ce liquide est dès lors fruit de la terre et du travail des hommes. En outre, les jarres furent un moyen de conservation et de commercialisation et la base de nombreux échanges.

La mise en bouteille se développe au XVIIème siècle, et met au point des techniques de conservation, tels que l’ouillage et le soutirage, lui permettant de commencer à faire vieillir ses vins et à déceler les spécificités du terroir.

Un insecte térébrant le phylloxéra importé des États-Unis dans les années 1865, va plonger la viticulture dans sa première grande crise. Le vignoble européen décimé est sauvé entre autre par l'importation de plants américains résistants à l'insecte. La production française chute et ce sont les vignobles méridionaux qui en profitent, en mettant sur le marché des vins de moindre qualité.

En 1863, alors que depuis quelques années les maladies des vins grèvent lourdement le commerce français Napoléon III demande à Louis Pasteur, spécialiste de la fermentation et de la putréfaction, de chercher un remède. Pasteur propose de chauffer le vin à 57 °C afin de tuer les germes et résout ainsi le problème de sa conservation et du transport, c'est la pasteurisation. Louis Pasteur originaire de Dole jette les bases l’œnologie. Il étudie la fermentation du vin et les acides tartriques et décèle les deux formes chirales, la forme lévogyre et la forme dextrogyre.

 

Ainsi la neutralité optique du mélange des deux composants est mise en lumière En révélant les bases de la chiralité moléculaire, Pasteur inaugure une des premières découvertes fondamentales de la chimie et de la biologie. Depuis ces travaux de pionnier, la chiralité est devenue centrale dans les sciences de la matière. Ses applications sont innombrables, allant de la synthèse des molécules actives aux propriétés des constituants intervenant dans l’imagerie. Il convient d’ajouter une science récente, l’astrochimie qui relève notamment de la recherche de précurseurs chiraux des molécules terrestres. Dès lors reste par effet une question de taille en suspend. Comment la nature a-t-elle sélectionné une seule des formes énantiomères des sucres et acides aminés dont nous sommes constitués ?

En 1867, Pasteur succède à Balard dans la chaire de chimie physiologique de la Sorbonne. Au milieu de tous ces malheurs, une réorientation importante de la carrière de Pasteur va se produire : il va se consacrer à l'étude des maladies d'origine microbienne. La « théorie des germes », la présence universelle des micro-organismes dans l'air atmosphérique, révélée par les expériences sur la génération spontanée, la perte de ses propres enfants, devaient conduire Pasteur vers ces nouvelles recherches. Ce mouvement fut précipité en outre par une demande de son ancien maître, Jean-Baptiste Dumas, devenu sénateur du Gard.

Une maladie d'origine mystérieuse dévastait les élevages français de vers à soie dans le Midi de la France. Dumas obtint que Pasteur, auréolé de la gloire acquise lors de ses travaux sur les « maladies » du vin, de la bière, du vinaigre, qu'il se rende sur place, à Alès, entouré de plusieurs collaborateurs, pour étudier les maladies du ver à soie ; c'est-à-dire de la chenille du papillon.

C'est à la suite de ses recherches que Pasteur mit au jour un procédé pratique permettant de venir à bout de la pébrine.

L'ensemble de ses travaux eut une répercussion considérable a la fois pour l'industrie viticole et pour l'industrie textile qui sont les jalons de l'histoire du Beaujolais et de la Bourgogne.

(1) http://www.auverasoie.com/autour-de-la-soie

 

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